Une journée girlie est moins risquée qu'une randonnée à cheval dans le Sichuan

Cette randonnée, je la prépare depuis trois mois. Objectif : emmener ma mère découvrir le grand ouest chinois, les lacs célestes et les pics enneigés, et remonter à cheval.

Il faut aller à Chengdu (3 heures d'avion), de là prendre un bus (10 heures de route) pour arriver à Songpan, d'où commence la randonnée (3 jours).

Samedi 2 juillet, veille du départ :

Marie fait son sac le coeur léger : des grosses chaussettes pour dormir, il risque de faire froid sous la tente, une, deux, allez, trois polaires, et puis de la crème solaire, et des tenues pour la fin d'après-midi, je m'imagine déjà, après 5 heures d'équitation, enfiler ma robe à fleurs et mes tongs et m'asseoir sur un rocher pour admirer le paysage.

Mais en fait, il fera quel temps exactement ?

Internet et 15 minutes plus tard, j'ai épluché tous les sites météo, en français, en anglais, en chinois, carte des précipitations, carte sattelites, carte des prévisions. C'est clair, il va pleuvoir. Et c'est pas le soleil caché par un nuage pluvieux, non, c'est seulement le nuage, tout gris.

Quel scandale !

Mais c'est pas comme ça qu'on décourage deux cavalières bretonnes. Je rajoute une cape imperméable dans mon sac, j'enlève la petite robe et c'est parti.

Dimanche 3 juillet : 

A 12h30, j'ai fini le boulot. Je recheck mon sac, mon passeport, on se répartit la bouffe dans nos sacs (fruits secs, pommes, pain, saucisson, on a vraiment pensé à tout, on est trop fortes)

On part à l'aéroport. L'avion est à 18h. Il est censé être à 18h. A 19h, on fini par embarquer. Etrangement, on nous sert le dîner direct. Bon, on n'est pas prêt de décoler. A 20h30, on demande à l'hôtesse pourquoi on ne part pas. "The weather in Chengdu is very poor, it's forbidden to take off"

A 20h45, on se concerte. Mauvais, mauvais pressentiment. Très mauvais. Si on décolle un jour, on va arriver très tard. Notre bus le lendemain est très tôt, et la pluie la-bas doit davantage se rapprocher de la tornade que du crachin breton.

A 20h50, on demande à descendre de l'avion. L'hôtesse nous apprend alors que nous avons tout à fait le droit de sortir, qu'elle ne peut pas nous séquestrer. Vous nous en voyez ravis.

A 21h, on est sorti de l'avion.

A 21h10, j'appelle l'hôtel que j'avais réservé à Chengdu : ils m'apprennent alors qu'il n'y aurait de toute façon pas eu de bus le lendemain à cause du mauvais temps. Or notre trip était minuté, conditionné par le retour en France de ma mère 6 jours plus tard.

Lundi 4 juillet : 

Après avoir réglé les affaires de remboursement et d'échange de billets, on va faire du shopping, maman m'offre des sandales, on essaye des jolies robes de créateur, on se balade.

Le midi, on prend un déjeuner léger dans un café italien.

L'après-midi, on va au spa se faire des soins du visages, du corps et des yeux, avec crème multiples et massages...

Comme dit Pascal, tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.

ou comme dirait Marie : Une journée girlie est moins riquée qu'une rando à cheval dans le Sichuan.