Tracas vestimentaires (2)

J'avais repéré la veille, entre la visite de deux appartements, une avenue commerciale fort alléchante non loin de notre hôtel. Nous nous dirigeons d'un pas indolent vers cet endroit, qui nous mène vers d'autres puis d'autres encores : d'échoppes en petit magasins, de petits magasins en échoppes... Nous suivons la foule pour arriver dans un immense marché couvert : c'est une caverne d'Ali Baba aux mille saveurs qui nous agressent les sens, nos sens aseptisés d'occidentaux élevés au jambon purée.... Un régal pour les yeux : des amoncellement de fruits et de légumes au nom inconnu, des sac de riz de 50 kg, de différente variété, destas d'épices.... Un haut le coeur devant les viandes qui sèchent sur un crochet, dans l'air vicié, et les poissons agonisant dans des bacs d'eau teinté de sang... A l'extérieur, des marmites en bois dissimulent des mets délicieux tels que des nouilles sautées aux aubergines, des raviolis bien relevés, ou du boeuf à l'oignon. Il y a aussi des galettes de sésames, des petits pains fourrés; des brochettes, des viandes frites et mille autres choses encore pas toujours reconnaissables.

Mais de sandales, point de. Ou plutôt si. Mais mes pieds dépassent insolemment de trois bons centimètres. Pourtant je ne mets de mauvaise volonté, j'en essaie une bonne douzaines et je revois mes exigences en termes de goût (en effet, le kitsh prédomine insolemment). Mais il n'y a rien à faire, je suis la belle soeur de Cendrillon, l'étrangère éléphantesque dans un pays de poupée.

Quand je mets la main sur des dorés correctes qui frôlent le 39 et 1/2, je ne me sens plus de joie. Sauf que la vendeuse me tends deux chaussures droites et quand je lui fait remarquer son erreur, elle n'arrive pas à remettre la main sur l'autre chaussure...

Pas de chance.