Escapade au Mont Lushan

L'escapade qui tombe à pic : vous savez, quand vous êtes fatigué à cause de cette fameuse transition de l'hiver au printemps, quand vous n'avez pas vu de ciel bleu depuis tellement de jours que vous ne vous rappelez même plus à quoi ressemble Wuhan sous le soleil (est-ce vraiment plus gai et agréable ou ce vague souvenir n'est qu'un artifice de votre imagination), quand vous en avez marre des chinois et de leurs improbables comportements, le dernier en date : une petite fille qui fait caca à l'entrée de notre immeuble ; bref, vous savez, quand vous avez envie de partir loin, au calme et au soleil, qu'il vous faut juste trois jours pour cette escapade, que vous ne les avez pas, alors vous vous morfondez en attendant les prochaines vacances qui paraissent tellement loin...

C'était la semaine dernière. Se profile alors le week-end de la fête des Morts, l'équivalent de notre Toussaint.

Mon cours du samedi saute et j'attends avec impatience la confirmation de l'annulation du cours du lundi.

Ca y est ! Trois sacro-saints jours de week-end !! La question suivante : Où aller ? Car je veux à la fois, du soleil, pas trop cher et pas trop loin pour ne pas perdre trop de temps dans les transports. Je mets une croix sur le soleil : partout en Chine, le week-end s'annonce pluvieux.
Reste alors le choix de la destination : après moultes réflexions, consultations d'amis qui sont là depuis un certain temps et lectures de guides, nous arrêtons notre choix sur le Mont Lushan, un ensemble de montagnes qui se trouvent au nord du Jianxi, Province voisine du Hubei, dont Wuhan est le chef lieu. Là, dans les forêt de pins où se nichent de petits lacs, les Anglais de Shanghai ont construit à la fin du 19ème siècle leurs résidences d'été pour échapper à la fournaise de la plaine. Seul hic, hormis en été où il fait bon, la région est brumeuse, pluvieuse et humide. Bon an mal an, nous achetons nos tickets de bus.

Decription impressioniste d'une escapade réussie :

Arrivée dans la pluie et la brume.

Des chauffeurs de bus serviables ; le premier nous indique la bonne correspondance, laesecond nous attend dix bonnes minutes alors que nous errons dans les nuages, pensant être déjà arrivés.

Un hôtel au milieu des pins, une chambre spacieuse et lumineuse, un chauffage qui ronronne... Une réduction sur le prix de la nuit...



Une photographie au mur : notre chambre fut dans le passé la salle de réception de Zhou Enlai, un ponte du PC dans les années 60. Il faut savoir qu'à Lushan se sont tenues plusieurs conférences du Parti de 1959 à 1971. Mao y a construit une villa et les autres cadres se délassaient dans les maison très "british" pendant que leur camarades chinois se tuaient à la tâche et crevaient la dalle. Les ex-Révolutionnaires ont fait preuve d'un bon goût bourgeois, je me fis la réflexion que si notre Président avait été révolutionnaire, peut-être n'aurait-il pas porté avec autant d'insolence sa Rolex, sa gourmette et son téléphone portable GPS - sèche-cheveux.


Une balade dans le petit village d'à côté : les éléments se déchainent... Nous achetons des souvenirs...

Nuit douillette, chaude, silencieuse, absolument utile ...!

Le matin, le soleil montre timidement son nez : je mets de côté mon pull en poil de lama made in Chile.


Un torrent, des ponts en pierre, des pins à n'en plus finir, des lacs, des gorges abruptes, le repaire d'un poète au milieu des pruniers en fleurs, des petites maisons en pierre aux volets bleus. La Bretagne dévale sur les versants boisés de Chine. A la différence près qu'on reconnait la "marque" chinoise : les vêtements qui, en ville, sèchent sur les cables électrique, sont disposé ici sur les haies, les murets, les arbres, un petit garçon qui fait pipi dans un sac plastique, devant une maison.





Des falaises abruptes, des Chinois surexcités qui nous prennent en photo...  Ils sont 10 000 sur ce sentier, ils hurlent et brandissent à tout va leurs appareils... Oh, la terrible envie de tous les pousser dans le ravin.... Nous faisons demi-tour.


La lac est derrière nous, nous traçons dans les pins et gravissons des marches (en Chine, les lacets sont remplassés par des escaliers). Nous nous perdons dans la bonne direction... et finissons par atterrir derrière l'hôtel, dans le parc exploré le matin même.


Nous sommes les seuls étrangers présents. Même à l'hôtel ils ne parlent pas anglais. Nous nous débrouillons en chinois, de manière pas franchement académique mais drôlement efficace.

Une masseuse délurée, une prostituée sans aucun doute qui nous bombarde de questions et ne cache pas son émotion de nous rencontrer. Elle m'offre sa barrette à cheveux... Mais rien n'est gratuit ici... Elle attend un pourboire, nous faisons semblant de ne pas comprendre.... Sa copine, qu'elle avait invitée dans notre chambre pour faire l'interprête alors qu'elle parle anglais comme vous parlez chinois, qui était plutôt là pour donner la réplique au rôle de divertisseuse publique que se donnait notre masseuse, sa copine donc, finit par la pousser dehors. En sortant, elle récupère la pince qu'elle m'avait donné.
Like a stranger...

Lundi matin : le soleil monte plus haut dans le ciel, il fait chaud maintenant. Une ultime promenade avant de repartir : en poursuivons nos pas nous arrivons dans un jardin en terrasse abandonné à la nature. Il fait doux comme le printemps.

De la douceur dans nos coeurs.