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Le blog de Marie

Des cacahuètes à la baguette

27 Août 2008, 09:34am

Publié par Marie


Ca je le savais avant même d'avoir posé le pied sur le sol chinois. Je savais que je serai frappée d'étonnement devant les incongruités d'une civilisation plusieurs fois millénaire mais étrange, au combien étrange.

D'abord, il faut savoir que Wuhan, c'est la bonne bourgade de campagne : au ton des voix, t'as l'impression que les gens s'engueulent ferme, alors qu'ils s'enquièrent seulement de la bonne santé de la famille de leur interlocuteur. Parfois je sursaute quand on me dit bonjour, avec un large sourire, certes, mais en me beuglant dessus. Ensuite, j'ai vu, preuve à l'appui, que les chauffeurs de taxi comprenaient mieux une phrase ressemblant à : "raaahhaaaaaaaaaaaa" que du mandarin malhabile. J'ai essayé le "rahahahahaaaaaaaaaa" et ma foi, ça a plutôt bien fonctionné.

Ce qui continue vraiment à me retourner d'un air méchant, ce sont les raclements de gorge sonores et les crachats incessants. D'un autre côté, je me dis que si mon estomac se transforme en instrument à vent redoutable au milieu d'un cours, peut-être qu'aucun de mes élèves relèveront. Bref, tout comme la proprété, le savoir-vivre n'est pas la principale préoccupation de mes amis chinois. Et voir mes collègue -e-s de boulot crachant arêtes et petits os par terre au restaurant alors qu'elles ont un minois de poupée de porcelaine, ça me sidère. J'ai beaucoup aimé par contre faire pipi dans un petit caniveau dont le cour malodorant passait d'un toilette à un autre, toilettes d'ailleurs seulement séparés par des murets d'une vingtaine  de centimètres. Je suis même retourné trois ou quatre fois dans la soirée donner ma timide contribution, la bière aidant. La nudité n'est pas un problème ici : les vestiaires des piscines sont collectifs et au spa, les femmes se baignent et se font masser entièrement nues. j'ai même été dans un restaurant ou les portes des toilettes étaient transparentes...............

Je m'accomode aussi du fait de ne pas faire la queue et de doubler tout le monde sans me sentir pour le moins du monde gênée, de crier sans être énervée mais juste pour me faire comprendre. De bousculer des gens sans dire pardon et sans me faire foudroyer du regard, parce qu'on me la tellement fait que pourquoi pas moi aussi d'abord. Bon j'avoue, ça m'arrive d'enrager, parce que le "bonjour merci aurevoir", il faut parfois le leur arracher de la bouche. Mais quand on me répond, c'est toujours avec un très grand sourire. En France, les gens font la gueule mais manque rarement de te saluer. Ici, ils ne saluent pas toujours mais quand il le font, il s'appliquent (et c'est généralement là que je sursaute).

Et, à côté de ça, un zèle gratuit et forcéné : pour te rendre service, porter tes trucs, t'emmener à l'aéroport le plus rapidement possible......

Toute pleine de ses réflexions, de ses paradoxes, de ses contradictions que mon esprit cartésien n'arrivait pas à resoudre, nous sommes allés manger dans notre petit bouiboui préféré, à côté de chez nous : pour trois euros, nous sommes gavés, la bouche en feu, le palais tout retourné après ses saveurs inédites. Toute la salle regarde les JO à la télé. A notre droite, deux hommes prennent l'apéro au 7up. Et ils mangent des cacahuètes. A la baguette.

C'est là que je me suis dis qu'une telle civilisation, qui avait fait preuve si tôt d'un degré de raffinement extrème, devait laisser des traces dans chaque être qu'elle voyait naître.

Le dimanche d'après, je suis allée au temple.





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